Paroisse Protestante de Quaregnon

Histoire

Les temples, l’ancien et le nouveau

En octobre 1873, Jean Edouard Demer, instituteur évangéliste, qui visite la trentaine de familles de Quaregnon réclame au Comité national une chapelle pour y tenir cultes et réunions, les maisons particulières ne pouvant accueillir un auditoire sans cesse grandissant.

Durant l’été 1874, un terrain est acheté près de la rue Jean Jaurès et la construction d’une chapelle débute.  

Le 21 février 1875, la chapelle est inaugurée.

Cependant, la situation de cette chapelle présente un inconvénient : elle est bâtie sur une parcelle enclavée, en bordure du chemin de fer reliant des charbonnages au canal.  Ce problème est en passe d’être résolu puisque plusieurs propriétaires se proposent de louer un accès à l’édifice.  Suite à l’influence néfaste du curé et aux moyens pécuniaires dont il dispose, ces propriétaires se rétractent.  Finalement, un accord est trouvé et un passage est loué pour 18 ans.

Durant cette période, le terrain sur lequel se trouve ce passage est vendu et le nouveau propriétaire dénonce le bail qui n’avait pas été enregistré chez un notaire.  L’affaire est portée devant le tribunal de Justice de Paix de Boussu, en 1880.  Un voisin assigné devant le tribunal  pour fournir un autre accès refuse les 25 à 30 francs que lui offre l’avocat des paroissiens comme somme équivalente à celle qu’il reçoit chaque année du curé de Quaregnon pour tenir ce passage fermé.

La situation se débloque et un arrangement est trouvé avec le nouveau propriétaire.

 

Dès l’année 1875 déjà, la chapelle s’avère exiguë;  depuis son inauguration, de nombreuses personnes y affluent.  Certaines fêtes de Noël rassemblent même jusqu’à cinq cents auditeurs.

 

Durant l’été 1889, le vicaire de Quaregnon habite la maison située à côté du temple et anciennement occupée par la famille Perregaux.  Ce nouveau locataire exige l’aménagement d’une cour, du côté de la chapelle qui devra être entourée de hauts murs.  A nouveau, les protestants craignent que le passage menant à leur lieu de culte leur soit retiré.  

 

Dès les premiers mois de 1891, une proposition de transférer la chapelle dans un endroit plus favorable est déjà examinée mais reste sans suite.  L’impossibilité d’accéder au temple en voiture, lors de mariages ou d’enterrements,  accentue davantage le besoin de trouver un nouvel emplacement.

"Notre situation telle qu’elle est, jamais ne pourra devenir normale et elle restera toujours environnée de difficultés insurmontables.  Un seul moyen existe de les aplanir toutes et le plus heureusement et avantageusement possible, c’est d’abord que le Comité daigne nous accorder de construire une nouvelle chapelle dans une situation plus convenable; situation qui réalise tous les voeux et qui ne manquera pas de tourner immédiatement à l’honneur de l’Evangile et au bien de l’oeuvre en ce lieu."

Bien vite, la chapelle avec ses 150 places assises est devenue insuffisante : de nombreux auditeurs doivent rester debout soit dans le couloir, soit dehors.  La commission administrative de la paroisse songe à agrandir l’édifice :  le chemin de fer désaffecté deviendra bientôt  une chaussée, l’accès à la chapelle ne posera donc plus aucun problème.  Le terrain le permettant, les paroissiens pensent  prendre comme largeur la longueur actuelle;  les dépenses seront ainsi limitées à la construction mais s’élèveront à plus ou moins 4.OOO francs.  Comme une telle somme ne peut s’amasser en peu de temps au milieu des ouvriers dont les plus favorisés gagnent 15 à 20 francs par semaine, dès les premiers mois de 1893, une souscription est ouverte. En quelques mois, 3 à 4.OOO francs sont déjà récoltés.  Au printemps 1894, le Comité national de l’Eglise Chrétienne Missionnaire Belge donne l’autorisation de faire préparer les plans et les devis pour l’agrandissement de la chapelle.

 

Un an plus tard, comme rien n'a encore  été fait concernant la transformation de la chapelle et surtout qu’aucune décision définitive n’est intervenue au sujet du chemin, le pasteur Durand estime qu’il faut plutôt songer à établir "dans une situation exempte de toute servitude un lieu de culte convenable".  Il introduit donc cette demande auprès du Comité national, certain que tout retard concernant cette question portera préjudice au bon développement de l’oeuvre.

 

Durant l’hiver 1895, toutes les démarches faites en vue d’acquérir un terrain échouent : la parcelle nécessaire à la construction étant trop petite, les propriétaires refusent de la vendre.  Mais, surtout, les protestants se heurtent à une spéculation : l’éventualité de la construction d’un nouveau temple a fait enfler le prix des terrains.

Cependant, le besoin de nouveaux locaux se fait de plus en plus pressant; l’ancien temple se délabre petit à petit et n’attire plus guère : le plafond tombe par place, les murs sont tachés d’humidité et de moisissure.  De plus, ce local est rempli d’une âcre fumée quand on le chauffe.  

Enfin, le 1er octobre 1895, un terrain d'un peu plus de 12 ares est acheté, il revient à 2.850 francs.

"Dieu a incliné le coeur d'un généreux donateur ... nos appels ont été entendus ... désormais, nous ne serons plus cachés, entourés par une ceinture d'estaminets plus ou moins mal famés ... nous serons dans la rue la plus fréquentée, celle qui conduit de la place à la gare; quant au quartier, c'est le plus comme il faut de Quaregnon.  Aucune construction ne pourra masquer la nôtre dont le terrain est surélevé; en outre, nous occupons le sommet de l'angle que forme la rue en cet endroit ... en arrivant à Quaregnon par le chemin de fer, notre temple apparaîtra complètement dégagé presque dès la sortie de la gare de Jemappes ..."

 Etant donné que le sol de la parcelle est argileux, il est envisagé de fabriquer des briques sur place, ce qui, avec la revente de la portion de terrain inemployée, réduira les dépenses.

En outre, cet emplacement occupe une position centrale : les annexes de Wasmuël et d’Hornu seront ainsi situées  à 25 minutes et le plus fort noyau de protestants habitent dans les environs immédiats.

Le financement de la construction est assuré en grande partie et d’une façon inattendue par le banquier Brugmann qui est d’abord sollicité par lettre.  Après un court entretien avec le pasteur Durand, ce donateur pense  octroyer  à la communauté un don de 4.8OO francs;  une quinzaine de jours plus tard, il fait parvenir une somme de 12.O82 francs, tout en désirant que son nom soit tu.  D’autres dons viennent s’ajouter  et portent l’avoir de la paroisse à 15.5OO francs.  Un premier devis, comprenant les honoraires de l’architecte s’élève à 14.029 francs.  Mais, par suite de divergences, il faut renoncer aux services de ce dernier.  Son successeur, Monsieur Dupont, élève le devis de plusieurs milliers de francs.

Le pasteur est en pourparlers avec l’administration communale libérale désireuse d’acheter la chapelle pour la transformer en école maternelle.  Les élections qui placent les socialistes à la tête de la commune interrompent cette démarche.

 

L’adjudication des travaux a lieu le 30 mars et ceux-ci débutent dès le lendemain. L’entrepreneur s’engage à tout terminer pour le 1er août au plus tard.  Il est plus que temps car à présent "il pleut dans la chapelle comme en rase campagne" et aucune dépense ne peut être consentie pour réparer ce local vétuste, qui sera finalement vendu pour la somme de 1.700 francs.

"Pour ma part, je pense que l’édifice nouveau avec ses locaux pour ses Unions de jeunes gens et de jeunes filles, salle où l’on pourra faire réunions de prières, répétitions de chants, réunions de questions donnera une impulsion sérieuse à l’oeuvre.  Ce qui a fait défaut jusqu’à ce jour, c’est un centre, un point où l’on se sentait chez soi et vers lequel l’on se sentait attiré.  Ce centre, par la grâce du Seigneur, nous allons l’avoir.  Qu’Il en soit béni."

Le coût de la construction  s’élève à environ 24.000 francs.  A cette époque, la communauté ne dispose que de plus oumoins 18.500 francs.  Il faudra donc encore trouver près de 6.000 francs.

« Le Seigneur qui nous a donné le plus nous fera certainement trouver le moins ».

Edmond Durand


L’inauguration du temple a lieu le 20 septembre 1896.  Ce n’est pas seulement un événement pour le protestantisme, mais la population entière s’y associe soit par sa présence, soit par ses dons (l’Union a collecté plus de 100 francs chez les catholiques pour couvrir les frais de réception), soit également par l’offre de la Société Coopérative de faire participer officiellement sa musique à cette cérémonie.  Le public étranger qui assiste à cette manifestation est impressionné non seulement par le contraste entre le magnifique bâtiment et l’ancien lieu de culte mais surtout par les allocutions prononcées par deux pasteurs, Messieurs Anet et Moll.

 

Une femme catholique confie au pasteur : "C’est curieux, à l’Eglise avec les statues des saints, de la Vierge et du Bon Dieu, on se sent tout seul.  Au temple, sans rien du tout, on sent comme si Dieu, les anges et les saints étaient là".  Un monsieur affirme : "J’ai assisté à votre fête;  je ne deviendrai jamais protestant mais je retournerai encore au temple pour apprendre à croire à l’existence de Dieu".  Une autre femme exprime son émotion : "Depuis les premiers mots, j’ai été tout émue mais quand le vieux pasteur a prié, j’ai commencé à pleurer.  Ils parlent tous comme si le Bon Dieu était là, devant eux, et les écoutait".

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